Louis Dieudonné Louis XIV (le Roi Soleil)
Louis XIII et Anne d'Autriche attendront vingt-trois ans de mariage avant de donner un héritier au trône. Ils attribueront le deuxième prénom de Dieudonné à l'enfant. Louis XIII meurt en 1643, alors que son fils n'a que quatre ans et demi. Ce dernier est placé sous la régence de sa mère, confirmée dans ce rôle par le Parlement de Paris. Le cardinal de Mazarin, homme de confiance du défunt roi et parrain de l'héritier, assumera un rôle politique de premier plan. Il supervisera l'éducation du futur roi qui sera assurée par le gouverneur de l'enfant, le maréchal de Villeroy, et son précepteur, Hardouin de Péréfixe, futur archevêque de Paris. Mazarin transmettra à son pupille son goût pour l'art et les collections. Il le fera assister au Conseil dès 1650 et l'initiera ainsi aux questions militaires, diplomatiques et politiques.
La Régence est marquée par la Fronde. La famille royale doit fuir les Tuileries et trouve refuge à Saint-Germain-en-Laye, en janvier 1649. La monarchie est bafouée par les Grands et des princes du sang.
Louis XIV accède au trône à sa majorité, en 1651. La Fronde devient alors un crime de lèse-majesté. Le nouveau roi ordonne l'arrestation, en décembre 1952, du cardinal de Retz. Cet archevêque de Paris est l'un des chefs de la Fronde des princes. Le roi, sacré le 7 juin 1654, confirme Mazarin dans son rôle. Il se consacre à sa formation militaire, sous la direction de Turenne, et participe au siège de Dunkerque, en 1658. Le Traité des Pyrénées (1659), qui met un terme à la longue guerre d'Espagne, accorde l'Artois et le Roussillon à la France. Louis XIV épousera, en contrepartie, l'infante Marie-Thérèse en 1660. Le couple donnera naissance à six enfants dont un seul survivra, le Grand Dauphin (1661-1711). Le roi collectionnera les maîtresses parmi lesquelles Louise de La Vallière, Madame de Montespan et Madame de Fontanges. Les deux premières lui donneront descendance légitimée.
Louis XIV a vingt-trois ans lorsque Mazarin décède, dans la nuit du 8 au 9 mars 1661. Il instaure un régime de royauté absolue et ne délègue que certaines attributions à ses ministres. Cette décision, prise en souvenir des menaces de la Fronde, devait mettre un terme aux particularismes religieux et provinciaux et tuer toute velléité d'autorité des parlements et de l'aristocratie. Le roi, héritier des prérogatives du suzerain féodal, était investi du droit divin par l'onction reçue lors du sacre. Il devait arbitrer, au nom de l'intérêt général, entre les ordres et les privilèges.
Le Château de Versailles deviendra le centre du pouvoir administratif et le reflet de la puissance et du prestige de la royauté. Le château sera progressivement agrandi, à partir de 1661, sous la direction de Louis Le Vau, puis de François d'Orbay et de Jules Hardouin-Mansart. Il sera entouré d'un immense parc dessiné par Le Nôtre. Le gigantesque chantier, qui s'étalera sur plus de quarante ans, mettra à contribution des artistes célèbres parmi lesquels Charles Le Brun, Jouvenet, Hyacinthe Rigaud, Pierre Mignard, Antoine Coysevox et les frères Coustou.
La Cour, qui s'installe de manière définitive à Versailles en 1682, adopte une étiquette particulièrement rigoureuse. L'endroit avait déjà servi de cadre à des fêtes, des carrousels et des représentations théâtrales. Le faste entretenu mobilisera en permanence artificiers, peintres, décorateurs ainsi qu'architectes de bâtiments éphémères, poètes préposés à l'écriture des arguments de spectacles et graveurs chargés d'immortaliser ces spectacles.
Ce mécénat culturel aura pour ambition de supplanter l'Italie comme centre de la civilisation en Europe. L'achat de la manufacture des Gobelins (1662), la création de l'Académie des Inscriptions et Belles-lettres (1663), des Académies de Peinture et de Sculpture (1664), de l'Académie des Sciences (1666), de l'Académie d'architecture (1671), l'édification de l'Observatoire (1667-1672), de la porte Saint-Martin (1672), la construction de la place des Victoires et de la place Vendôme seront supervisés par Colbert, détenteur de la charge de surintendant des Bâtiments. Ce dernier proposera au Bernin d'édifier la colonnade du Louvre (1665).
Certains écrivains et musiciens, tels Racine, Molière et Lully (nommé directeur de l'Académie royale de musique en 1672) entretiendront des liens privilégiés avec le roi. La vie intellectuelle connaîtra des affrontements et des rivalités, comme celle qui opposera Racine et Corneille.
Les dernières années du règne seront marquées par les famines, les défaites militaires et les deuils. La reine Marie-Thérèse décède en 1683. Louis XIV épouse secrètement l'ancienne gouvernante de ses enfants, Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon. Cette dernière instituera une atmosphère dévote et austère à la Cour.
Les bâtards du roi seront légitimés à la suite du décès du Grand Dauphin, en 1711, puis de son fils, le duc de Bourgogne, l'année suivante. Le prestige de la monarchie n'en sortira pas grandi. Épuisé, miné par la gangrène, le roi décédera à Versailles le 1er septembre 1715.
Son successeur et arrière-petit-fils, Louis XV, n'est âgé que de cinq ans.